[Candidature] Rouge - 167 - Maitresse des fils ensanglantés

Cette nuit-là, le temps était sombre. Un ciel noir comme le regard du Dark Vlad était transpercé d'éclairs aussi tortueux que l'esprit de Sram. Le tonnerre grondait et la pluie tombait en telle quantité que tout le monde se demandait si les égouts de Bonta n'allaient pas tarder à déborder et à noyer la ville sous une tonne des déchêts. C'était par cette terrible nuit que...


-Aïe !

Et oui. Chassez le naturel, il revient au galop ! Ce n'était que la trente-septième aiguille qui atterrissait dans l'index gauche de Rouge ce soir-là, inondant les bobines de fil de larves à proximité de sang. Trente sept aiguilles... Un score honorable aux vues de ses performances habituelles (comptez cent à deux cent coup la minute en temps normal). En effet, si Rouge était réputée pour sa dextérité, les objets qu'elle craftait étaient toujours plus ou moins imbibés de son sang. Cela lui avait coûté beaucoup de clients.  Mais c'était sa signature à elle. Ce n'était pas plus mal, cela dit, car les effets "tâches" commençaient à revenir à la mode. Surtout depuis le dernier défilé de Jacques-Paul Gothique, une sommité en terme de mode. Rouge y avait d'ailleurs été conviée et s'était grandement inspirée de JP pour ses dernières créations.

Trente-sept aiguilles, donc. Une dure soirée de labeur qui avait rapporté plus qu'il n'en fallait à la disciple de Sacrieur pour survivre dans cette ville de brute qu'était Bonta. Et Rouge allait s'arrêter là. Enfin du moins le croyait-elle.

La porte de l'atelier claqua, laissant entrer grondements de tonnerre et gouttes de pluie. Et sur le pas de la porte se tenait tant bien que mal un milicien bontarien. Apercevant le milicien en piteux état, Rouge se précipita vers lui. Il était salement amoché. Du sang coulait de son casque et son armure avait visiblement subi plusieurs coups.

-La boite... Ils ... Ils ne doivent pas ...

Le milicien n'arrivait plus à aligner les mots. Dans ses yeux, on pouvait lire de la terreur. Dans le creux de sa main, le milicien tenait une petite boite rouge. Elle était ornée de petites gravures et d'une serrure en or. Mais à peine Rouge eut-elle pris la boîte entre les mains que des silhouettes se dessinèrent de l'autre côté de la rue, marchant calmement vers l'atelier. C'était un disciple de Cra, une disciple de Sram et un disciple de Pandawa. Leurs yeux étaient rouges comme le sang et leurs auras ne trompaient personne. Des Brakmariens. Surement en mission pour récupérer cette boite.

-Donnez-nous la boite, et nous vous promettons une mort rapide, lança la disciple de Sram , qui semblait être la cheftaine de ce groupe d’assaut.

Rouge savait très bien ce qu'il lui restait à faire. Même si elle n'était pas une grande combattante, elle ne pouvait pas se laisser tuer comme ça. Elle pouvait encore moins céder cette mystérieuse boite à l'ennemi.
-Depuis quand les brakmâriens tiennent-ils leurs promesses ? Allez en enfer, retorqua-t-elle.

La Sram ne put retenir un petit éclat de rire face à ces paroles. Puis, redevenant sérieuse, elle fit un signe de tête en direction de Rouge à son collègue Pandawa qui se mit à marcher vers la sacrieur et le milicien. Rouge devait réfléchir. Réfléchir. Et vite. Elle pouvait fuir facilement et sauver ainsi la boite. Mais cela reviendrait à tuer le milicien. Il devait y avoir un moyen de sauver et le milicien et la boîte. Comprenant le dilemme de Rouge, le milicien rassembla ses forces :

-F... Fuyez... La boite est plus importante...

C'est alors que la solution apparut, claire comme du sang de Sacrieur. Elle ne savait peut-être pas se battre comme un agent secret, mais elle pouvait contrôler son sang. Tout son sang, même celui qui était éparpillé sur les bobines de fils de l'atelier. Surtout, celui qui était éparpillé sur les bobines de fils de l'atelier. Des fils de larves orange de la foret des abraknyde étaient réputés pour être incassables. Cela devrait faire l'affaire... Rouge traina le milicien à l'intérieur de l'atelier pendant que le Pandawa se rapprochait d'eux. Une fois à l'intérieur, elle esquissa un sourire et en se relevant, elle dit au Pandawa :

-Franchis cette porte et tu es condamné, lança-t-elle fièrement.

Le Pandawa s'arrêta sur le pas de la porte et eut alors lui aussi un petit éclat de rire hautain et maléfique :
-Pfeuh ! Qu'est-ce qu'une apprenti-tailleur pourrait bien me faire ?

C'est alors que le sang des bras de Rouge se mis à briller :
-Je te préviens... Un seul pas dans mon atelier et...
-Comme... ça ?, demanda le pandawa en posant son pied gauche en avant.
-Comme... ça !, cria Rouge qui se mit à agiter ses bras comme si elle voulait griffer quelqu'un.

Une pluie de fils s’abattit alors instantanément sur le pauvre Panda qui se retrouva ligoté en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. La Sram s'approcha alors, édifiée par ce qu'ils venait de se passer. Au moment où elle voulut sortir ses dagues pour libéré son collègue, un filet de sang attira les dagues jusqu'à Rouge et en deux autres mouvements, une autre pluie de fils vint ligoter la Sram . Voyant cela, le Cra ne demanda pas son reste et décida de fuir lâchement.

Le lendemain, on pouvait lire dans les journaux l'arrestation de deux criminels Brakmariens par Rouge, la maitresse des fils ensanglantés. Avec une telle publicité, vendre des capes et coiffes avec quelques tâches de sang deviendrait une formalité !